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L'ÂGE D'OR DES CINE-CLUBS
L'affaire Annabella Miscuglio

Un film de Emanuela Piovano

La réalisatrice: Emanuela Piovano

Née dans les années 60 à Turin, Emanuela PIOVANO étudie le cinéma, rédige une thèse en Histoire et Critique du cinéma et collabore avec les Archives Nationales du Cinéma de la Résistance.

Dans les années 80, elle fonde l'association Camera Woman avec laquelle elle réalise plusieurs vidéo et documentaires et fait connaitre des réalisatrices étrangères en Italie. Depuis 1991, elle a réalisé 5 longs-métrages de fiction ainsi que plusieurs courts-métrages, vidéo et documentaires.

Productrice pour la télévision, elle est aussi distributrice et a ainsi contribué à faire connaitre des films comme WHISKY de Pablo Stoll Ward et Juan Pablo Rebella, CARAMEL de Nadine Labaki, DJECA, LES ENFANTS DE SARAJEVO d'Aida Begic, LES APACHES de Thierry de Peretti, LA COUR DE BABEL de Julie Bertuccelli, CORNICHE KENNEDY de Dominique Cabrera.

Filmographie

NOTE D'INTENTION DE LA RÉALISATRICE
Avec ce film, j'ai cherché une nouvelle fois à raconter quelqu'un qui n'est plus là. Et, comme pour Simone Weil (avec mon film Le stelle in quiete), j'ai tenté un mode de réalisation en toute liberté, en organisant un temps, un espace et un récit qui ne constituent pas des contraintes pour les acteurs et la réalisation mais au contraire qui soient gage de liberté, ouverture, envol, attente. Si l'esthétique de Le Stelle in quiete était basé sur Giotto, dans L'âge d'or des ciné-clubs j'ai voulu aborder l'esthétique de la caméra-stylo d'Alexandre Astruc telle que l'Underground des années soixante-dix l'avait revisitée.
C'est pour ça que la caméra travaille trois registres:
Celui diégétique, qui raconte l'ici et maintenant (hic et nunc), utilise une caméra très rigoureusement fixe, inamovible. Ce choix n'a pas été facile pour les acteurs pas plus que pour l'équipe, et notamment pour le monteur. Mais à la fin, c'est un pari réussi: les corps, la lumière, les choses révèlent leur mouvement intérieur, la caméra les attend, n'ose pas les dépasser.
Le deuxième registre, extra-diégétique, existe à travers des films de famille des années 60. On se confronte à un langage qui à l'époque était une anticipation de ce qui deviendra celui du cinéma d'auteur. La caméra ici est très mobile, elle embrasse les personnages et danse avec eux, elle les piétine aussi à la Zavattini.
Enfin le troisième registre s'exprime dans le choix d'un montage très fragmenté. Même si on a gardé un certain réalisme à l'intérieur de chaque scène, le montage tente de recomposer le puzzle dont les films des artistes de l'Underground italien de ces années-là se sont continuellement inspirés.
Les costumes et notamment la robe d'Arabella dessinée par Lia Morandini, cherchent tous à entrer dans l'arrière-plan plutôt qu'à en sortir. Parce que le personnage d'Arabella est plus une apparition qu'une interprétation, nous avons imaginé qu'il serait encore plus fort s'il était en permanence sur le point de disparaitre, de se fondre avec la matière et la lumière, comme s'il était véritablement créée par la lumière-même.
A propos du décor justement, l'idée était de travailler avec le noir, le noir du souvenir, de la dénégation de la censure. Sid, le fils, fait un parcours descendant, de l'aube à la nuit, parce qu'en retrouvant sa mère, il se retrouve lui-même. Nous avons travaillé sur des décors un peu théâtraux dont les frontières devaient être comme englouties par l'ombre. Les lumières dans chaque scène sont des lumières naturelles, et on n'a presque jamais utilisé d'éclairages artificiels. A l'inverse, La salle de cinéma est en plein air et les films sont vus en pleine lumière. C'est un choix radical et aussi une provocation, car si le cinéma est ici souvenir, analyse, nuit, le cinéma en tant qu'éthique et culture, rêve de toute une génération doit être un cinéma solaire, un cinéma qui nous rouvre un horizon.



Réalisation: Emanuela Piovano


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